Écrire sur le Japon, encore...

Il y a déjà milles "portes d'entrée"  vers "le" Japon. J'aimerais juste vous présenter un Japon...


Le pendule japonais

Presque tout occidental souhaitant écrire sur le Japon finit par lui chercher une « définition ».
Cette définition ne sort généralement pas de l’opposition entre le Japon de la beauté conservée, "authentique" Japon qui fut et n'est plus vraiment, et le Japon des cadences infernales, de la musique nerveuse et des milles couleurs du textile synthétique. Existe-t-il une dialectique entre ces deux Japon-s que personne ne veut réconcilier ? C’est la même histoire qui inclut les temples zens et les casinos pour pauvres que sont les pachinkos. Mais ce serait sans doute être trop philosophe et pas assez japonais que de vouloir absolument trouver dans l’histoire de ce pays une cohérence facile.
Un potier Japonais a un jour écrit ceci [je traduis de l’anglais] :


Oscillant comme un pendule j’avance,
Sans jamais m’arrêter quelque part,
Laissons l’errance être le véritable état de l’être.

Swinging like a pendulum I proceed,
Never lingering in one place,
Let wandering be the true state of being
— Raku Kichizaemon XV


Comme le suggère Kichizaemon, nous ne sommes peut-être que des pendules : nous oscillons entre deux points, parfois sur plusieurs plans à la fois, mais toujours en traçant des lignes droites. J'ai tendance à croire que les peuples et les cultures sont comme les hommes : des pendules. Et le Japon ne fait pas exception. La dialectique européenne espère bien souvent à une troisième voie mais ce serait sans doute un travail vain : ici, personne ne souhaite sortir de la schizophrénie. On préfère errer. C'est ce qui a permis aux samuraïs d'essayer leurs nouveaux sabres sur des prisonniers juste avant de se rendre à des cérémonies du thé paisibles.


De la céramique à la cérémonie et retour.

Ma passion pour la céramique japonaise et, surtout, pour la cérémonie du thé, m'ont amené à faire plusieurs stages chez des artisans et maître de thé vivant au Japon. Ce blog est fait pour en relater quelques épisodes et fragments qui pourraient vous intéresser. J’espère que ces articles vous donneront envie d’aller à la rencontre de ces personnes, de leur parler et de découvrir leur art.  Ce sont tous des gens incroyablement gentils et accueillants. Derrière l’austère visage du conservatisme nippon se cache bien souvent des personnes joviales et heureuses. Mais quel esthète ou vendeur de rêve voudrait bien vous en parler, tout obsédés qu'ils sont par les bonnes manières et les beautés prétendument inhumaines qu'ils observent chaque jour ? Autant demander à une grenouille de bénitier ce qui se passe sous le pagne du Christ.
Je ne tiens pas à faire un récit fidèle ou docte, ni un discours émerveillé. Le Japon dit "authentique" me semble être une impasse comme les confettis kawai des livres de photo aguicheurs. 

Mon premier sujet, la céramique de Sasaki Kyohitsu, nécessitera certainement quelques détails techniques mais il faut que je vous le dise dès à présent : ce que j’aime au Japon, c’est avant tout la douceur de son air et la fraîcheur de son quotidien. Et, aussi difficile que cela puisse me paraître, c’est cela, au fond, dont j’aimerais parler : d’un brin de vent heureux, d’un détail humain qui en dit long sur quelqu’un ou du délice difficile de s’essayer à un art nouveau pour le plaisir de retrouver un petit acte personnel de création.

O raku ni dôzô, soyons simple.




29 mai 2017

Commentaires

  1. Sou fã do Professor Sasaki .
    A primeira vez que vi suas mãos moldando uma tigela de chá, fiquei fascinada.
    Amante da Cerimònia do Chá , eu procuro ver e tentar moldar dessa maneira tão sutil que ele se apresenta.
    Oxalá , eu pudesse ser sua aluna !!!
    Parabéns !!!

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