Chakaiki — Nouvelle invitation aux voyages
Dans les anciens temps, les hommes de thé avaient pour coutume d’écrire pour eux-même des comptes rendues de leurs cérémonies et des pièces marquantes qu’ils avaient vu. On appelait cela un chakaiki. Voici un chakaiki moderne, avec photos et commentaires.
Tokonoma — Bateaux blancs et beautés bleues
Avant que je ne parte, M.Kerr m’a fait cadeau d’une de ses calligraphies. Il signe ses oeuvres plutôt que de les marquer d’un tampon — c’est sa façon de jouer entre tradition d’Occident et d’Orient je crois.
Nous avons suspendu cette calligraphie dans le Tokonoma (l’alcôve). La recherche du beau par delà la distinction entre les anciens et les modernes, sans doute que c’est bien là ce qui nous a réunit, Sasaki et moi.
En dessous de cette calligraphie, Sasaki a posé son propre arrangement floral dans une barque blanche. Les herbes y sont haute et la fleur encore timide. Qui sait où cela nous mènera.
Le thé de l’élève
Je fus le premier à servir le thé. Sasaki choisit mon bol le plus réussi pour le servir. Il s’agit du premier bol noir qui a survécut à mes échecs. Les suivants furent soit trop lourds, soit trop irréguliers. Ils étaient aussi moins spontanés.
Dans mon école de thé, Sohen Ryu, nous utilisons un bol différent pour la dernière phase de la cérémonie. J’ai choisi ce bol rouge pour ses tâches erratiques. Lorsqu’il était sortit de sa première cuisson, l’émail n’avait pas bien accroché à la terre et j’avais du employer une grande quantité d’ « encres » rouges et noirs pour corriger le tir. Cela donne un résultat étrangement brumeux et sincère. C’est le seul bol rouge que j’ai ramené en France.
Pour finir, j’ai choisi d’employer ce Natsume (contenant à thé) aux motifs d’herbes et de libellules. Comme ces dernières, je me suis senti parfois un peu errant, à la surface des choses, loin de hautes herbes qui savent prendre racine.
Le Natsume employé par Sasaki était en bois clair avec un martin-pêcheur sur le couvercle. Un oiseau des sources clairs et des journées d’été, un voyageur coloré et pacifique…
Futurs thés
Ainsi se terminait mon aventure à Shôraku. Une dernière fois, j’ai bu un thé brûlant dans un bol où l’eau, le feu et le soleil ont été versé presque en même temps.
Avec notre silence habituel, Sasaki et moi-même avons fini de ranger le pavillon de thé, puis il m’a ramené chez moi. Il m’a dit adieu par la fenêtre de la voiture et tout était fini. Vraiment fini ? Quelques heures plus tôt, je choisissais les bols que je souhaitais emporter. Il en restait une bonne dizaine. Sasaki les regarda et me dit : « tu les emporteras la prochaine fois. »
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