Trois histoires de thé (1) — La drogue bouddhique
Les récits que je propose ici n’ont rien d’historique. Ce sont surtout des légendes décorées par mon imagination. Comme tout ce qui appartient au passé rêvé, elles ont pour elles la véracité qu’on leur donnera. Mais il est parfois si agréable que l’histoire puisse être vraie qu’il importe peu qu’elle le soit vraiment.
La drogue bouddhique
Il est dit que Bodhidharma, père du bouddhisme zen, décida un jour de méditer face à un mur pendant neufs ans et cela sans dormir. Un jour cependant, ses paupières se firent si lourdes qu’il finit par les fermer. À son réveil, il s’en prit à lui-même et maudit sa faiblesse. Pour ne plus jamais refaire une telle erreur, il arracha ses paupières et les jeta au sol. Alors, du sol même jaillit la première pousse de thé. Les disciples de Bodhidharma en firent une boisson en écrasant les feuilles et la servirent au maître. Ainsi, jamais plus il n’eut à craindre que le sommeil le saisisse lors de ses méditations.
Dans les temples chinois de la secte Chan (Zen au Japon), le thé en poudre est devenu la boisson qui accompagne toute méditation. D’innombrables maîtres purent méditer des jours entiers simplement en buvant du thé et en se privant de nourriture. Mais la boisson plaisait tellement que certains disciples passaient plus de temps à en boire qu’à méditer ! Aussi, il fallut en réguler la consommation. Le thé devint néanmoins la boisson la plus courante dans les monastères. Des salles spécifiques furent créées où l’on pouvait boire le thé en discutant du Dharma. La salle faite, un rituel s’installa et, bientôt, le thé fut servi selon un cérémonial précis qui limitait sa consommation.
De là vient, m’a-t-on dit, la cérémonie du thé japonaise.
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